Les échelles de nuages
Dossier pédagogique
Texte : Dominique Paquet
Mise en scène : Cécile Tournesol
Avec : Laurent Contamin (manipulation des marionnettes), Françoise Cousin et Véronique Poupelin
Costumes : Julia Allègre
Lumières : Chloé Bouju
Scénographie : Jean-Baptiste Manessier
Décors : Eric Jolivet et Anne Le Moal
Univers sonore : Jean-Noël Yven
Marionnettes : Jeanne Manessier
Graphisme : Agame
Production : L’art mobile
Le texte est édité à L’école des loisirs – collection théâtre
Préambule
Par une nuit de rage au coeur, Zao Ming décide de fuir Pékin et sa famille déchirée par l’occidentalisation. Il entraîne son ami Shen You dans sa fuite. Tout au long d’un voyage initiatique qui les conduira au bord du bord du monde, ils rencontreront des poissons aux visages humains, des soupes invisibles aux vermicelles et aux champignons, des cheveux nattés qui rythment le ressac, des microbes qui ne résistent pas aux histoires, des carapaces de tortues qui disent l’avenir, des omoplates de veau qui deviennent des poèmes sous les doigts, du rien qui se balance les pieds dans le vide… et sauront devenir poète et calligraphe.
Note d’intentions de la metteure en scène
Les échelles de nuages, c’est un jeu d’enfant et un rêve de voyage.
Le temps d’une nuit, Zao Ming et Shen You quittent l’enfance et construisent leur histoire. Autour de leur lit, toutes les audaces sont possibles. Dans ce monde recréé se mêlent : la force de joie créatrice, l’ombre des morts, la conscience politique, le questionnement philosophique et l’espoir inaltérable dans le monde que nous construisons pour demain.
Deux comédiennes et deux marionnettes à gaine chinoise incarnent les personnages. Les marionnettes prolongent, devancent, échappent ; les comédiennes jouent, prêtent leurs voix, sont spectatrices… La scénographie offre un espace changeant au jeu et à la manipulation. L’effet d’échelle permet aussi de raconter une histoire dans l’histoire, d’interroger la notion de personnage…
Shen You et Zao Ming émergent de la nuit pour prendre en main leur destin ; ils deviennent force d’incarnation par la voix et le corps des actrices : Qui crée qui ? Comment l’histoire avance-t-elle ? Les spectateurs rêvent-ils l’histoire ? Voici les questions qu’explore le spectacle.
La pièce aborde de nombreux thèmes
- Politique : quel est l’avenir d’un pays quand les fils uniques s’en vont ? Dominique Paquet situe l’action de la pièce dans la Chine qui s’occidentalise. Cette rupture avec la tradition remplit le jeune Zao Ming de rage, il choisit de partir.
- Philosophique : à travers les épreuves du voyage, la pièce interroge le thème de l’amitié et de la difficulté à grandir, de la maladie et de la mort, du vide et de la création.
- Poétique : la langue est simple et belle. Elle touche au coeur et tisse des liens entre le théâtre, la poésie et la philosophie.
- Théâtral : les personnages émergent dans la nuit, ils deviennent corps et âmes et enfin créateurs ; ceux sont des personnages sortis de l’imaginaire de l’auteure, force d’incarnation par la voix et le corps des acteurs, source de création enfin auprès des spectateurs.
Activités artistiques, culturelles et pédagogiques autour du spectacle
La pièce offre de nombreuses possibilités d’actions artistiques de sensibilisation. Celles-ci s’adressent aux élèves des classes de CE2, CM1, CM2 et de 6ème. Les actions peuvent accompagner les programmes de géographie, d’histoire, de français ou encore d’art plastique.
Exemples d’interventions de l’équipe artistique
Elles sont évidemment à construire avec les équipes qui nous accueillent afin de nous adapter au
mieux aux réalités du terrain.
- Les rencontres
Elles ont lieu dans la classe, pendant une heure, en amont et/ou en aval de la représentation avec une personne de l’équipe artistique. Les artistes parlent du spectacle, des métiers du théâtre, de son vocabulaire spécifique et répondent aux questions des élèves - Les ateliers
- Sensibilisation à la manipulation de marionnettes
Cette intervention de Laurent Contamin (marionnettiste) nécessite que les élèves aient préalablement réalisé avec leur enseignant des marionnettes simples (voir fiche technique). Laurent Contamin aborde l’histoire de la marionnette, les différentes techniques de la marionnette, les principes de la manipulation et propose aux élèves une mise en pratique à partir d’extraits de la pièce.
Travail en demi groupes indispensable. Intervention sur une demi-journée. - Sensibilisation à la mise en scène
Cet atelier se déroule en deux temps sur une journée. Il nécessite la présence de Cécile Tournesol, Véronique Poupelin et Françoise Cousin.- 1 – L’élaboration : Cécile Tournesol (metteure en scène) présente les principes de base de la mise en scène et de la direction d’acteur. A partir de courts extraits du texte, les élèves en petits groupes réfléchissent à des propositions de mise en scène. Cécile Tournesol les aide à se poser les bonnes questions, à élaborer et à construire ensemble une proposition de mise en scène.
- 2 – La proposition : chaque groupe soumet aux comédiennes sa proposition de mise en scène et tente de les diriger. Les comédiennes restituent, dialoguent et transforment les propositions des élèves. Cet atelier dynamique permet d’aborder les questions de mise en scène, de dramaturgie et de direction d’acteur avec les enfants.
- La lecture à haute voix
Cette intervention de Cécile Tournesol sensibilise les élèves au travail de technique vocale (respiration, vibration, projection vocale) et les invite à une exploration des différents registres vocaux. Des extraits de la pièce, lus à haute voix, servent de support à cet atelier. Travail en demi groupe indispensable. Intervention sur une demi-journée. - L’écriture théâtrale
Intervention de Dominique Paquet ou de Laurent Contamin (tous deux auteurs).
Modalités à définir.
- Sensibilisation à la manipulation de marionnettes
Pistes pour les professeurs
Exemples de travaux en classe avec les élèves
Production écrite
Au-delà de la lecture et de l’étude de la pièce (structure d’une pièce de théâtre, dialogues,
didascalies, vocabulaire relatif à la Chine…), les élèves peuvent par exemple écrire la suite du
voyage de Zao Ming et de Shen You.
Travailler à partir du texte d’un auteur vivant peut faciliter l’expression et la lecture.
Géographie
Retracer en classe le voyage entrepris par les personnages à l’aide de cartes et donner ainsi aux
élèves des repères géographiques éclairés. De la grande muraille de Chine au 45ème parallèle en
passant par les plaines de la Mongolie.
Histoire
Étudier la Chine d’hier et d’aujourd’hui.
Art plastique
Le spectacle propose des images qui peuvent servir de supports aux dessins des élèves. Ils
pourront dessiner un épisode du voyage ou un élément de l’histoire (une carapace de tortue, les
nervures de bambou, la tresse de la grand-mère, la ceinture de passementerie de la mère, les
personnages...).
Un travail autour de la calligraphie est également possible.
Autonomie
Recherche sur Internet, au CDI sur la Chine traditionnelle et la Chine d’aujourd’hui ou encore :
La cuisine chinoise, l’écriture, l’art de la marionnette, l’opéra de Pékin, les fêtes, le dragon chinois,
le nouvel an chinois, les enfants en Chine, Pékin, Shangaï, la Mongolie, le fleuve Yang She, la
grande muraille, la culture du riz, la route de la soie…
Fabrication d’une marionnette à gaine avec les élèves
L’index manipulera la tête par l’intermédiaire du cône. Le pouce et le majeur manipuleront les bras.
- Fabrication de la gaine
Faites d’abord un patron avec du papier journal. Utilisez la main comme repère pour la taille mais comptez beaucoup plus grand pour que la main puisse bouger facilement. Coupez deux morceaux de tissu et cousez-les ensemble. Fabriquez un petit cylindre de carton qui aidera à fixer la tête sur le corps.
Exemple de mesures :- a. Hauteur 25 cm (dont 7 cm de l’épaule à l’aisselle)
b. Largeur 1 (le haut de la robe : mains-épaules-cou) : 29 cm
c. Largeur 2 (sous les bras) : 20 cm
d. Largeur 3 (bas de la robe) 28 cm
e. Ouverture pour la tête : 7,5 cm
- a. Hauteur 25 cm (dont 7 cm de l’épaule à l’aisselle)
- Fabrication du cône
Le cou : prendre du carton, faire un rouleau pour l’index de 10 cm environ, - Fabrication des mains
Préparez un petit cylindre de carton et fermez-le à l’une des extrémités en collant les deux côtés l’un sur l’autre. Découpez maintenant la forme des doigts de la main. - Fabrication de la tête
Utilisez un petit ballon. Préparez une pâte de farine et d’eau ou utilisez de la colle à papier. Coupez des bandes de papier journal et trempez-les dans cette pâte puis collez-les pour obtenir la forme dela tête souhaitée. Laissez sécher puis peignez la tête. Collez-y de la fourrure, de la laine ou de la paille pour imiter les cheveux.
D’autres marionnettes plus simples peuvent être réalisées.
Par exemple : à partir d’une chaussette à laquelle on ajoute une bouche, ou encore à
partir d’un gant à vaisselle auquel on ajoute des yeux ou d’une balle de ping-pong
surmontant un rouleau de papier toilette.
Il est possible de trouver sur Internet de nombreux tutoriels.
Histoire de la marionnette
Dans le monde entier, il semble que l'apparition de la marionnette ait été liée à des motifs religieux. Le mot marionnette en français viendrait d'ailleurs de "petite Marie", car, au Moyen-Age, une petite poupée figurait la Vierge Marie.
C'est sans doute en Asie, il y a 4000 ans, qu'apparaissent les premières marionnettes. Là encore, l'origine semble religieuse puisque leur expansion suit celle de l'hindouïsme, puis du boudhisme. 1900 ans avant J.C., l'Egypte les utilise dans ses temples sous forme de statues sacrées animées par une corde.
La Grèce et Rome en héritent ensuite, mais les romains les transforment rapidement en spectacle populaire, dont l'un des principaux personnages est Mucci ou Maccus, ancêtre de Polichinelle. Certains peuples amérindiens utilisent également la marionnette dans des rites religieux, en faveur de bonnes récoltes.
Le bas Moyen-Age narre récits pieux, légendes ou chansons de geste en s'accompagnant de marionnettes muettes évoluant devant un castelet (petit château). Dès l'an Mil, cependant, le monologue du récitant commence à s'interrompre pour laisser place aux répliques, puis aux dialogues des personnages.
A partir du XIIIème siècle, des spectacles liturgique, souvent issus de l'Evangile, se déroulent dans les églises. Ces représentations, sous la pression des Réformés, seront ensuite interdites par la Contre-Réforme.
Vers 1610 l'Italien Giovanni Briocci, sous le nom de Jean Brioché, arrive en France avec ses burattinni (marionnettes à gaine) inspirés de la Comédia dell'Arte dont le plus connu est Polichinelle. Son côté "canaille" attire non seulement le public populaire, mais aussi la bourgeoisie. Les interdits et la concurrence ou la collaboration avec le théâtre jouent souvent un rôle déterminant dans le succès des marionnettes. C'est le cas en Angleterre, où en 1647, sous la pression des puritains, le Parlement ferme les théâtres, sauf ceux de marionnettes. Le personnage de Punch (nom peut-être dérivé de Punchinelle ou Polichinelle), sorte de diable bouffon, devient très populaire. De même en Allemagne, où les succès de Hans Wurst (Jean Saucisse) et Faust remplacent ceux des comédiens, ou à Versailles en France, en 1784, avec Séraphin. En Italie, la marionnette se rapproche de la Comédia dell'Arte avec les personnages de Pantalon et d'Arlequin, de Scaramouche, de Pierrot et Colombine.
Simultanément, se développe une véritable virtuosité dans les diverses techniques. La représentation humaine limite la marionnette en pays d'Islam. En compensation, le théâtre d'ombre connaît le succès avec Karagosz, bossu, fourbe, lubrique, brandissant un énorme phallus en guise de gourdin.
Le caractère souvent frondeur de la marionnette, prend nettement un tour satirique avec Guignol. En 1805, en pleine période de crise des "canuts" (tisseurs de soie) à Lyon, Léon Mourguet, luimême ancien canut, crée, avec son comparse le "père Thomas" Ardennais de Givet, les personnages de Guignol le canut, et Gnafron le savetier. Voix du petit peuple exploité, les deux compères s'en donnent à coeur joie pour ridiculiser le patron, le gendarme, aux rires et applaudissements de la foule. D'autres marionnettes emboîtent le pas, dont le valet Lafleur à Amiens. A Prague, le personnage de Kasparck joue le même rôle vis-à-vis de l'occupation Austro- Hongroise. En d'autres lieux, c'est une marionnette bon enfant qui personnifie avec humour l'habitant du cru et ses petits travers : Tchantchès le Wallon à Liège, Hannesche à Cologne, Wolfjé à Bruxelles, Girolamo à Milan, Jacques à Lille. Cassandrino à Rome...
Le début du XXème siècle marque une desaffection pour la marionnette considérée, avec un certain dédain, comme un spectacle pour enfants. La réaction vient, dès les années 1920 de Serge Obratsov en Russie, suivi, après 1945, par les pays de l'Est et des pays sans tradition comme les Etats-Unis ou le Mexique. Aujourd'hui, encouragée par la télévision et le cinéma, la marionnette tend à s'imposer enfin comme un Art majeur.
Les techniques de la marionnette
- Bunraku (origine Japon) : Très grandes marionnettes (de 1,2 à 1,5 m) animées par un manipulateur visible, plus, pour les personnages principaux deux assistants vêtus de noir pour le bras gauche et les membres inférieurs tandis qu'un narrateur, accompagné d'un musicien, récite le texte.
- Marionnette à doigt (origine probable Chine) : Petite marionnette à gaine s'enfilant sur un seul doigt et dont le corps seul bouge.
- Marionnette à fils : Marionnette controlée par le haut à l'aide de fils qui permettent des contrôles complexes.
- Marionette : En anglais (dérivé du français marionnette), le mot marionette désigne uniquement les marionnettes manipulées par le haut telles que la marionnette à fils et la marionnette à tringle (rod marionette), le mot générique étant puppet.
- Marionnette à gaine : Marionnette constituée d'une tête creuse montée sur un costume de tissu. Elle est manipulée par la main placée à l'intérieur du costume, un ou deux doigts passés dans le cou. Les autres doigts dans chacun des bras en contrôlent les mouvements.
- Marionnette à gaine et à tige : Marionnette qui combine gaine et tiges. Une main est placée dans la tête tandis que l'autre main contrôle les deux tiges attachées aux bras.
- Marionnette à gueule ou à bouche mobile : Marionnette à gaine où le pouce fait mouvoir la machoire inférieure et les autres doigts la mâchoire supérieure.
- Marionnette à gueule et à tige : Combinaison de marionnette à gueule et de marionnette à tige.
Le manipulateur anime la bouche mobile d'une main tandis que de l'autre main, il contrôle les bras de la marionnette à l'aide de tiges. Dans certains cas, deux manipulateurs actionnent la marionnette. - Marionnette à tige ou à tiges : Marionnette manipulée par le bas où une tige centrale supporte la tête tandis que deux autres tiges plus petites actionnent les bras.
- Marionnette à tringle et Marionnette à tringle et à fils : Marionnette manipulée par le haut au moyen d'une tringle fixée à la tête, les membres étant mus par une petite tige ou des fils.
- Marionnette habitée : Très grande marionnette dans laquelle le manipulateur prend place.
- Marionnette manipulée à vue : Le manipulateur est visible du public (technique issue du bunraku).
- Marionnette sur eau (origine Chine) : Actuellement utilisées au Vietnam, ces marionnettes en bois évoluent au-dessus d'un plan d'eau. Les manipulateurs, dans l'eau jusqu'au torse, les actionnent à distance par l'intermédiaire de longues perches de bambou.
- Marotte : Marionnette manipulée par le bas à l'aide d'une seule tige centrale.
- Marotte à main prenante : Une des mains du manipulateur devient la main de la marionnette, tandis que l'autre main tient la tige centrale.
- Masque : Il représente habituellement un personnage stylisé et représente très souvent des forces plus grandes que l'homme.
- Muppet : Crées par Jim Henson, elles ont souvent une grande bouche mobile et utilisent du caoutchouc mousse.
- Ombre : Ombre projetée sur un écran par une marionnette manipulée devant une source lumineuse.
- Wayang golek : Marionnette Indonésienne dont la tête est manipulée par une tige centrale et les bras par deux tiges plus petites.
- Wayang kulit : Ombres javanaises et balinaises à partir de marionnettes en cuir finement ciselées et peintes, manipulées par le bras.