Stabat Mater Furiosa

de Jean-Pierre Siméon
Mise en scène Gil Bourasseau
Avec Gaël Rebel
Univers sonore et Musique originale Jean-Noël Yven, Lumières Pierre Jauze

Une femme seule, une silhouette, pleine d’une violence contenue, vient pour dire sa colère, vient pour dire sa douleur, vient pour régler son compte à l’homme de guerre… Une femme seule, une silhouette, pleine d’une violence contenue, vient pour dire sa colère, vient pour dire sa douleur, vient pour régler son compte à l’homme de guerre…
Elle se souvient, aussi, des moments tendres et heureux avant que sa vie ne bascule dans l’horreur : moments d’enfance où elle pouvait encore admirer son père en lui prenant la main, moment d’adolescence et de jeux avec les fils du village, moment de femme jeune et nubile où elle rencontre l’étranger son « amant neuf aux mains gourmandes » avant que le bruit du déchaînement de la guerre ne s’abatte, avant qu’elle n’entame sa prière furieuse contre la guerre et contre l’homme qui fait la guerre … aussi vieille qu’inutile, par la massue ou par le missile…
Je rêve d’un texte qui règle son compte (non pas définitivement puisqu’on n’en finit jamais, du moins, radicalement) à l’homme de guerre, cet éternel masculin. Parole d’une femme, libérée autant qu’il se peut du dolorisme que lui assignent des conventions millénaires, parole dressée en invective brutale et sans rémission face à la merde (il faut ici un mot net et absolu) du meurtre perpétuel.
Stabat mater fiuriosa, donc ; et non point dolorosa…
A d’autres le pathétique qui s’accommode de la fatalité. Je veux une parole comme l’effet d’une conscience excédée, noir précipité du malheur, de la raison et de la colère. Non pas un cri qui comble le silence sur les ruines mais qui accuse le vide. Seul l’excès d’une conscience à bout d’elle-même est à la mesure de ce défaut d’humanité qui depuis l’aube des temps donne lieu et emploi à la mâle ivresse de la tuerie. Je rêve d’une parole dont on ne se remet pas, non en raison de sa violence mais parce qu’elle porte en elle une évidence sans réplique.
Jean-Pierre Siméon


Production L’art mobile