Mutin!

Dossier pédagogique

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1917, manifestation de mutins, photographe inconnu

1917, manifestation de mutins, photographe inconnu

Texte : Luc Tartar
Mise en scène : Gil Bourasseau
Ange gardien : Isabel de Francesco
Avec : Cécile Tournesol, Jenny Rombai, Eric Chantelauze , Hugo Eymard et David Mallet

Scénographie : Patrice Lecadre et Serge Calvier
Lumières : Patrice Lecadre
Costumes : Elisabeth de Sauverzac
Univers sonore, vidéo et régie générale : Fred Bures
Production : L’art mobile

 

Préambule

1914-2014

Un champ de bataille, devenu lieu du souvenir, et des galeries de mine désaffectées dans lesquelles errent
des fantômes. Ces lieux de mémoire sont entretenus par Rose. Ici le temps s'est arrêté, à peine troublé par
ces disparus qu'on appelle Antonin, William ou Bert, et dont les corps remontent du passé, laissant apparaître à fleur de terre une blague à tabac, une veste ensanglantée ou un mouchoir en dentelle… Un mouchoir… Voilà qui ramène Rose cinquante ans en arrière, au moment où le soldat Gus est fusillé sur ordre de l’état major pour avoir reculé devant l’ennemi.

Chut ! Les morts nous parlent. Qu’est-ce qu’ils ont à nous dire ?

 

Note d’intentions de l’auteur

Genèse de la pièce

En 1998, à Craonne, Lionel Jospin propose la réhabilitation des mutins de la Grande Guerre, ce qui soulève l’indignation de la droite française et du Président de la République de l’époque, Jacques Chirac. L’incident politique me marque profondément et scelle en moi l’intérêt pour cette réalité méconnue de la guerre, la nécessité de me documenter et le désir d’écrire sur le sujet.

Pour écrire Mutin ! je me suis documenté, bien sûr. Je me suis replongé dans les causes et le déroulement de la Grande Guerre. J’ai lu Les Poilus1, de Pierre Miquel, Les combattants des tranchées2, de Stéphane Audoin-Rouzeau, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier3, livres tous plus éclairants les uns que les autres et dans lesquels j’ai retrouvé l’horreur des combats et la vie terrifiante des soldats sur le front, bref les tenants et les aboutissants de cette tragédie, qui fait désormais partie de notre mémoire collective.


1 Les Poilus, Pierre Miquel, Terre humaine, Plon.
2 Les combattants des tranchées, Stéphane Audoin-Rouzeau, Armand Colin.
3 Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, Editions La découverte.


Pour les besoins de la pièce, je me suis également intéressé de près à cette tradition populaire qu’est l’élevage des pigeons voyageurs, que je connaissais mal, et j’ai notamment lu Les convoyeurs attendent…4, de Françoise Lempereur, qui m’a renseigné sur l’utilisation des pigeons voyageurs en temps de guerre.

Mais la révélation a été pour moi le livre de Nicolas Offenstadt, Les fusillés de la Grande Guerre5, dont la lecture m’a littéralement glacé le sang. J’ai tiré de ces pages l’urgence absolue d’écrire sur le sujet et la conscience que j’allais aborder de front un véritable tabou.

Je ne cesse d’ailleurs de m’interroger sur ce tabou que représentent encore, de nos jours, en France, les mutineries de la Grande Guerre.


4 Les convoyeurs attendent, la colombophilie d’hier à aujourd’hui, Françoise Lempereur, L’esprit du Nord, La Renaissance du Livre
5 Les fusillés de la Grande Guerre, Nicolas Offenstadt, Editions Odile Jacob.


Méconnaissance, refoulement, culpabilité ? Des soldats ont été exécutés après des procès expéditifs et leurs familles mises au ban de la Nation. Pourquoi avoir fait payer aux veuves de ces mutins, qui n’eurent pas droit aux pensions de guerre, et aux enfants, la supposée lâcheté de leurs pères ? Le rejet des mutins dans l’ombre de l’Histoire, au-delà du désaccord politique sur les notions de Patrie, de courage, de liberté, me semble surtout témoigner d’une certaine immaturité nationale. Il n’est qu’à se rappeler l’amnistie des déserteurs de la guerre du Viêt Nam, décrétée par le Président américain Jimmy Carter le 22 janvier 1977, pour être frappé de stupeur. En 1977, quelques années à peine après la fin de la guerre du Viêt Nam, les Américains amnistient leurs déserteurs. En 2012, près de cent ans après la Grande Guerre, la France en est encore à une réhabilitation des mutins au cas par cas, laissée à la seule décision des communes…

 

Chronique d’une écriture

Janvier-mars 2001 : en résidence d’écriture au Théâtre d’Arras, je me lance dans le travail.  

Je décide de rencontrer régulièrement au cours de la résidence une classe de lycéens, afin d’échanger avec eux sur mon travail d’auteur.

Les objectifs sont nombreux : échanger sur l’écriture, sur le théâtre contemporain, sur l’Histoire et pour l’auteur que je suis, ancrer mon écriture dans le présent, la mettre en perspective et en danger (les lycéens ont l’âge de mes personnages).

Je lis à chaque séance un extrait du texte, en l’état, ce qui donne aux lycéens un aperçu de l’évolution de mon travail.

Nous parlons beaucoup de la guerre, de l’Histoire, des marques qu’elle a laissées dans la région. Des anecdotes ou des souvenirs familiaux sont racontés par les uns et par les autres. Nous évoquons Vimy, les trous d’obus, la vie dans les tranchées, le jeune âge des soldats... Je sens poindre chez certains d’entre eux un intérêt, une prise de conscience.

Le moment est alors venu pour moi de leur parler plus en détail de la pièce que j’ai en tête…

« Estafette » : (titre de la première version)

Au front, trois soldats se lient d’amitié. L’un d’eux, Gus, est condamné à mort par l’état-major pour avoir reculé devant l’ennemi. Toinou, estafette de la compagnie, et Jacquot, responsable de l’élevage des pigeons militaires, vont tout faire pour essayer de le sauver…

D’emblée, les lycéens s’emparent de la pièce : le titre, les prénoms des personnages, leurs fonctions militaires (estafette, fantassin…), tout est l’objet de commentaires, souvent pertinents. On souligne le lien avec une tradition populaire du nord de la France, les pigeons voyageurs. Des questions fusent : pourquoi pas de membre de l’état-major parmi les personnages ? Pourquoi pas de femme ? Je leur explique que j’ai effectivement besoin d’un personnage féminin et je leur retourne la question en leur demandant qui il pourrait être. Les idées ne manquent pas (femme, mère, fille, infirmière…). Je leur parle de Rose, couturière de la ville voisine, qui est le personnage que j’ai choisi, et je leur explique les raisons de mon choix.

Imperceptiblement, et de façon très concrète, presque ludique, c’est bien de dramaturgie dont il est question à chacune de nos séances… Ces échanges, très libres, me sont précieux car ils m’obligent à formuler mes doutes, mes questions et à clarifier mes choix. Je n’ai pas l’impression d’écrire sous leur regard, mais de partager l’écriture avec eux.

Dès lors, il me semble tout naturel d’aller au bout de l’aventure et de leur confier le texte pour la lecture publique finale. C’est le travail des dernières séances.

Au Théâtre d’Arras, le 6 avril 2001, derrière quatre pupitres aux noms des personnages, ce sont les voix de Gus, Toinou, Jacquot et Rose qui passent la rampe. La lecture est émouvante. Parce que c’est la première lecture publique de ce texte, mais surtout parce que les lecteurs, qui ont l’âge des personnages, prennent le texte à bras le corps, avec sensibilité et énergie. Ils relaient ma parole, font le lien entre les morts d’hier et les vivants d’aujourd’hui, et assument un acte de création et de partage qui est un beau moment de théâtre.

Une rencontre choc

5 avril 2001, 17h.

Je viens de terminer Estafette.

Je suis désœuvré et contraint de tuer le temps. C’est le temps qui va me tuer, en me jetant dans un fabuleux raccourci… Dans quelques instants, je vais faire l’une des plus belles rencontres de ma vie, scène choc qui va me laisser sans voix, pantelant : je vais tomber nez à nez avec l’un de mes personnages.

Dans ma 4L rouge, je roule jusqu’à Vimy.

Pourquoi Vimy ? Je ne sais pas. Sans doute l’endroit m’a inspiré et j’ai écrit cette histoire en me souvenant de l’émotion ressentie, enfant, lorsque j’ai découvert ce champ de bataille et ses cratères gigantesques.

Je roule jusqu’à Vimy sous un ciel menaçant. Il va pleuvoir. Je gare ma voiture sur l’esplanade, vide, descends dans des bourrasques de vent glacial et tombe en arrêt devant le paysage.

J’ai toujours aimé cet endroit : les trous d’obus, les pins, les tranchées et ce monument canadien qui domine tout le bassin minier ; corons, chevalets et terrils à perte de vue. La guerre face à la mine… La charge émotionnelle est forte, d’autant plus qu’aujourd’hui l’espace-temps se déchire. Le ciel est noir, un arc-en-ciel joue avec le marbre blanc. C’est superbe. Bêtement, je regrette de ne pas avoir d’appareil photo. « On ne me croira jamais», c’est la phrase qui me vient. Auteur KO, incapable de retenir l’instant, condamné à raconter, mal, forcément. C’est peut-être ça, écrire, être condamné à l’imperfection, laisser couler l’encre entre ses doigts, laisser s’échapper l’indicible et non pas chercher à dominer le temps, comme on le dit trop souvent. Ecrire, c’est lâcher prise, en quelque sorte. Enzo Cormann parle de l’écriture dramatique comme de l’écriture de l’effacement (l’auteur s’efface devant le metteur en scène et les équipes de création). Cette idée me plaît et je vis mon métier comme ça, dans l’inconfort, car tout m’échappe, tout le temps. A commencer par les mots. Comment écrire aujourd’hui autre chose que l’innommable ? Et partant, comment écrire l’innommable ?

Là-bas, au pied du monument, il y a quelqu’un. Une silhouette vers laquelle je me dirige, sans comprendre ce que je vois. Et plus je m’en approche, moins j’y crois. C’est un homme, mais quelque chose le distingue du commun des mortels. Il porte un long manteau et un casque sur la tête, un casque de mobylette d’où émerge une énorme moustache : c’est un poilu ! Mon cœur bat fort. Qu’est-ce que c’est que ça ? Un fantôme ? Il bouge. Est-il mort ? Est-il vivant ?

Nous sommes seuls sur l’esplanade, lui avec son casque et moi avec ma tête de déterré : il a une mobylette à ses côtés, j’ai l’impression d’être en face de mon personnage, on dirait Toinou, mon estafette militaire ! A moins que ce ne soit Jacquot, car l’homme casqué se penche vers un panier d’osier d’où il tire un à un ses pigeons voyageurs qu’il laisse s’envoler dans cet incroyable ciel d’orage. Je n’en crois pas mes yeux. C’est Toinou, Jacquot, Gus, Rose, tous mes personnages réunis qui s’échappent et prennent corps devant moi. Cet homme, c’est Estafette et c’est tout mon théâtre : des personnages arc-boutés devant l’impensable, ici soixante mille morts.

Ce couloneux, comme on dit dans le Nord, entraînait sans doute ses pigeons à Vimy, point culminant à des kilomètres à la ronde. Il n’avait pas pris le temps d’enlever son casque. Peut-être aussi avait-il peur que le ciel ne lui tombe sur la tête.

Une dramaturgie de la rupture

Le thème de la faille est présent dans mon écriture depuis le début. Fracture sociale (Terres arables*), rupture pathologique (Papa Alzheimer*), ou fêlure intime (Information sur le schnaps*), c’est une longue balafre qui se propage de texte en texte. Ici, dans Mutin !, la faille c’est bien sûr la tranchée, qui ouvre en deux la terre, ainsi que la tête et le corps des hommes. La faille, c’est une douleur physique, qui se voit, s’étudie. La faille est historique. J’ai toujours aimé l’Histoire et ses répercussions sur la vie des hommes, mais mon ambition n’a jamais été d’écrire une pièce historique. En tant qu’auteur dramatique, mon devoir est aussi de m’affranchir des réalités. Il ne s’agit pas de prendre des libertés avec l’Histoire, il s’agit de trouver le chemin de la poésie. Ecrire une histoire. Pas l’Histoire.


* Editions Lansman

Mon écriture est un mélange de dialogues aux répliques généralement brèves et de récit. D’abord répliques monologuées au cours desquelles le personnage prend la parole et ne la quitte plus, la narration prend dans mes textes de plus en plus de place, et certains personnages se mettent à parler d’eux à la troisième personne, comme s’il y avait perte d’identité et rupture du dialogue. Dans Mutin ! certaines scènes (les tranchées, l’assaut…) sont racontées de manière hallucinée par les troufions eux-mêmes, avec cassures de l’espace-temps (flash-back) : la rupture du dialogue est aussi celle de notre humanité… quand plus rien de nous n’est humain, on ne peut plus se parler, il n’y a plus que le cri. La faille, ici, devient morale.

Mes personnages sont en guerre, au propre comme au figuré, confrontés à une situation qui les dépasse et face à laquelle ils développent une urgence de vivre. Ils font preuve d’une énergie qui les fait tenir debout et je ne cède ni au pathos, ni au morbide. Ce qui m’intéresse, c’est le sursaut de vie, pas le désespoir. Gus, qui est un personnage profondément vivant, se met à gueuler une recette de baba au rhum au milieu de l’assaut.

Je pense aux sculptures de Giacometti. « L’homme qui vacille » ou « L’homme qui marche ». Ces fantômes émaciés et décharnés ont beau sembler pris de vertige et prêts à s’écrouler, ils sont cependant figés dans cette posture et tiennent encore debout…

Luc Tartar

 

Notes d’intention du metteur en scène

Mon parcours d’artiste et de directeur de Compagnie m’a conduit de salles en chapiteaux, de chapiteaux en salles, à la rencontre des auteurs, des acteurs et des pratiques d’aujourd’hui, dans les pas de la décentralisation d’hier… et sur les traces de celle de demain !
Le projet artistique que nous avons mis en place est en lien direct avec Le Théâtre Portatif, notre structure itinérante. Ce qui, par parenthèses, ne nous empêche en rien de jouer dans les théâtres en dur. Le Théâtre Portatif nous permet de transporter nos créations dans des salles hybrides et peu ou pas équipées, dans de bonnes conditions de représentation et d’accueil du public.
De plus, en nous implantant sur des territoires pour des périodes modulables, nous initions des partenariats forts avec les habitants comme des rencontres en amont et/ou en aval des représentations, comme un chantier de création en direction des amateurs, comme convier aux répétitions des publics aussi divers que possible : élèves, amateurs, habitants… Avec pour ambition que, de fil en aiguille, ces moments constituent une véritable "école du spectateur".
Nous travaillons pour que l’idée de théâtre éclate, s’éparpille, non pas pour remplir une jauge, mais bien pour provoquer la rencontre. En cela les missions décentralisées du Théâtre Portatif permettent d’envisager un ancrage renforcé des propositions artistiques pour un rapport plus singulier entre l’artiste-citoyen et le citoyen-spectateur.
Dans cette démarche, le spectateur n’est pas un « client » qu’il faut satisfaire à tout prix en se soumettant à son prétendu désir. Dès l’instant où le théâtre trouve sa légitimité en marge de la culture de masse, il devient implacable ! C’est sur les chemins de la rencontre singulière que nous avons choisi de déambuler en positionnant résolument nos projets artistiques pour et vers la rencontre.
Malraux disait que « l’art ne s’enseigne pas, il se rencontre ». Nous pensons qu’il ne faut pas compter sur une révélation artistique d’ordre quasi mystique, transcendantale…
C’est pour nous, bien au contraire, en « dé-dramatisant » l’acte artistique, autrement dit en redonnant à l’artiste sa place dans la cité, que le spectateur-citoyen acceptera le défi de l’imaginaire, et, par là, celui de l’émancipation !
La pièce de Luc s’inscrit organiquement dans la lignée du travail accompli. Elle prend par la main le public pour le plonger dans un temps suspendu suintant l’absurdité des hécatombes, la peur, mais aussi l’éclatant besoin de vie. Elle parle d’amour, de fraternité, de mémoire, de secret, de morts qui se causent du fond de leurs catacombes et qui, de temps en temps, sont expulsés à la surface.
Elle nous aspire vers le passé, dans une spirale vertigineuse. Ici, c’est la mémoire qui compte, qui gouverne les émotions traumatiques du récit, qui le fait avancer. Luc traque interminablement la reconstruction aléatoire du passé : de sa densité, son opacité, son ambiguïté fondamentale...
Puis l’aube vient… et avec elle la clarté diffuse d’une paix annoncée. Mais l’histoire mutile les corps et fige les mémoires. En eux, la guerre restera vivante. Les blessures de l’âme sont immortelles.

Les tranchées, la mine, un parquet de bal, et l’envie de prendre l’air, de sortir du trou, de s’élever.
Dire ce qui ne peut pas être dit avec des mots, ou plutôt ce qui ce dit par delà les mots, par exemple ce qu’ils écrivent, les poilus, les pieds dans la boue, leurs lettres débordantes d’humanité.
Poser en déséquilibre une manière de regard bienveillant autant qu’abasourdi sur toute cette misère — Ils étaient usés à quinze ans / Ils finissaient en débutant — les vies sacrifiées — Si par malheur ils survivaient / C´était pour partir à la guerre — l’absurdité des tueries — C´était pour finir à la guerre.
Ecrire en l’air, donc. Mettre en scène en haut et en bas. Avec Rosa Matthis, créatrice de ses propres espaces, poétesse du vide. Elle et eux, les comédiens, pour créer ensemble.

Sur la scène les acteurs parlent de la vie et imitent la mort. Vous devez résoudre leurs problèmes dans votre vie. Souvenez vous qu'ils donnent à voir les morts à venir.

— Edward Bond in Au public, (Traduit de l’anglais par Véronique Béghain et Michel Vittoz), Théâtre National de la Colline, 18 octobre 1997.

Gil Bourasseau

 

Pistes pédagogiques autour du spectacle

La pièce offre de nombreuses possibilités d’actions artistiques de sensibilisation. Celles-ci s’adressent en priorité aux élèves des classes de collèges et lycées.
Les actions peuvent accompagner les programmes de français, d’histoire, d’éducation civique.

Exemples d’interventions de l’équipe artistique

Elles sont évidemment à construire avec les équipes qui nous accueillent afin de nous adapter au mieux aux réalités du terrain.

Les rencontres

Elles ont lieu dans la classe, pendant une heure, en amont et/ou en aval de la représentation avec une personne de l’équipe artistique. Les artistes parlent du spectacle, des métiers du théâtre, et répondent aux questions des élèves

Les ateliers

  • Séances d’écriture

Ces interventions sont menées en amont des représentations et animées par l’auteur, Luc Tartar, à partir d’un montage de lettres de poilus (Lettres censurées des tranchées – 1917, Lionel Lemarchand, L’Harmattan).
Ces ateliers se déroulent suivant un nombre de séances à déterminer. On peut envisager entre une et cinq séances d’écriture, selon le temps et le budget disponibles. Ce travail donne lieu à une lecture publique par les élèves devant une ou plusieurs classes de l’école, devant leurs parents et/ou les habitants de la commune :

Exemple de contenu sur cinq séances :

  1. La découverte des lettres des poilus : accompagnés de l’auteur, les élèves découvriront les écrits des soldats par des lectures au sein de la classe, le déchiffrage de ces lettres (travail sur l’argot des soldats), suivi de discussions et échanges sur la guerre (la vie dans les tranchées, les mutineries, la vie à l’arrière du front).
  2. Première séance d’écriture à partir des lettres des poilus : réponses écrites et imaginaires à quelques-unes des lettres (ex : réponses aux soldats par les familles, les marraines de soldats.)
  3. Second atelier d’écriture et commencement de la distribution de la lecture publique.
  4. Distribution de la lecture publique et répétitions.
  5. Lecture publique prise en charge par les élèves eux-mêmes
  • La lecture à haute voix

Les ateliers d’écriture animés par Luc Tartar, peuvent donner lieu, dans un second temps, à des ateliers de lecture à haute voix. Cette intervention de Cécile Tournesol sensibilise les élèves au travail de technique vocale (respiration, vibration, projection vocale) et d’interprétation. Des extraits de la pièce Mutin !, de lettres de poilus et du livre Lettres à des Morts 1914-1918, Je t‘embrasse pour la vie, lus à haute voix, servent de support à cet atelier.
Travail en demi groupe indispensable. Intervention sur une demi-journée.

  • Sensibilisation à la mise en scène

Cet atelier se déroule en deux temps sur une journée. Il nécessite la présence de Gil Bourasseau.

  1. L’élaboration : Gil Bourasseau (metteur en scène) présente les principes de base de la mise en scène et de la direction d’acteur. A partir de courts extraits du texte, les élèves en petits groupes réfléchissent à des propositions de mise en scène. Gil Bourasseau les aide à se poser les bonnes questions, à élaborer et à construire ensemble une proposition de mise en scène.
  2. La proposition : chaque groupe soumet aux comédiens sa proposition de mise en scène et tente de les diriger. Les comédiennes restituent, dialoguent et transforment les propositions des élèves. Cet atelier dynamique permet d’aborder les questions de mise en scène, de dramaturgie et de direction d’acteur avec les élèves.

Lettres des tranchées

Extraits de Lettres censurées des tranchées – 1917, Lionel Lemarchand, L’Harmattan


Année 1917

Nous sommes en 1ère ligne depuis 24 jours
Nous sommes éreintés et foutus à force de passer des nuits aux heures glaciales et interminables,
de plus plongés dans l’ordure, la crasse et la vermine,
il faut être cuirassés pour supporter une existence pareille.
En ce moment, il y a dans les tranchées la scarlatine,
les oreillons,
la gale,
bref un tas de saloperies que l’on n’aurait pas si nous avions un temps sec.
 
Voilà 2 jours qu’il fait un froid de diable car aujourd’hui  il fait 12 degrés au dessous de zéro et si cela continue je crois que tout le monde va y rester car nous avons beaucoup de fantassins qui sont évacués les pieds gelés.

Quant à moi, je suis encore sorti par une belle peur car je t’assure c’est impossible, on ne peut pas croire qu’on peut sortir d’une fournaise pareil, les obus tombaient à 4 mètres de moi, et tu sais, ce n’est pas ma destinée, sans quoi, j’ai vu ma mort 100 et 100 fois pendant 7 jours. Enfin, j’en suis sorti, c’est tout mais je t’assure que j’en ai marre, vivement que ça se passe car, il va venir un jour, il n’y aura plus un homme.


Soldat Montot à son frère, 22 janvier 1917, 18 heures

Bien cher frère

Me voilà en possession de ta carte du 20,
heureux de te savoir en bonne santé
Quant à moi, ça se goupille à peu près bien mais dame tu sais ce que c’est, il ne faut pas longtemps pour faire un macchabée.
Nous sommes restés du 14 au 18 compagnie de réserve et depuis nous voilà en ligne 
nous avons 30 centimètres d’eau dans la cave et des légions de rats énormes nous bouffent tout et ne nous laissent pas dormir une minute
d’ailleurs nous n’avons pas beaucoup de repos : ravitaillement à minuit, 6, 10 et 16 heures – relèvement des éboulements de tranchées inondées (de jour et de nuit)
Ne fais pas attention à mon écriture je ne suis pas trop bien éclairé et surtout mal installé, le derrière au frais.
En l’attente de te lire et de te revoir sous peu en bonne santé. Ton frère affectionné qui t’embrasse de tout cœur.

 

Soldat  Jardin à ses parents,  10 janvier 1917

Chers Parents

Je n'ai pas bien du nouveau à vous apprendre, notre vie s'écoule bien morne en attendant les évènements. Le temps est toujours très humide et froid avec de la neige qui fond à cause de la pluie.
Les hommes des tranchées sont certainement bien malheureux, seul l'espoir de la paix fait patienter tout le monde. Maintenant partout on entend dire quand cela sera-t-il fini ?
On le dit tout haut et personne ne cache plus ses idées.
Si on veut essayer d'une offensive cela sera encore des sacrifices inutiles
Enfin ce n'est pas la peine que je m'étende sur ce sujet mais nous avons la rage au cœur…
En attendant des jours meilleurs, je termine chers Parents en vous embrassant tous les deux de tout cœur.

Jardin.

Ps : Le beurre est bien arrivé.


Louis à ses petites chéries adorées, 29 mars 1917

Mes petites chéries adorées.

Toujours avec du mauvais temps du froid, de la neige, que je t'écris et le cœur bien serré de te savoir dans une telle situation, ah les bandits. Quand donc feront-ils finir ce carnage sans nom et ces souffrances terribles pour tous, je suis d'une colère en ce moment à tout casser de voir tout cela, et je te jure que si tout le monde était de mon avis il y a longtemps que la guerre serait finie.

J'ai reçu hier avec plaisir et peine en même temps tes deux bonnes lettres si pleines d'amour des 24 et 25 mai, si désolé en même temps car je vois que si vous êtes en bonne santé toutes deux, vous souffrez terriblement aussi ah les vaches
mais quand donc aurons-nous la fin de cette saleté de guerre

Ma Mimi adorée, bon courage encore un peu et je te quitte une fois de plus en t'envoyant tous mes plus brûlants baisers d'amour et en espérant que tu as du feu maintenant.

Bons baisers à notre pauvre mignonne qui doit bien souffrir aussi
Bonjours aux amis et voisins
et pour toi en attendant le grand bonheur de te revoir pour toujours t'aimer je t'embrasse comme je t'adore pour toujours. Ton petit Louis qui un seul instant ne cesse de penser à sa bonne petite Mimi  adorée.

Ton Louis pour toujours.


Pistes pour les professeurs :
exemples de travaux en classe avec les élèves

Français et Littérature

  • La littérature d’engagement
  • Les échanges épistolaires
  • L’écriture journalistique en appui sur les journaux des tranchées, les journaux pacifiques qui circulent sur le front.
  • Les discours : Discours de Craonne  par Lionel Jospin le 5 novembre 1998
  • Le vocabulaire, les expressions idiomatiques et l’argot

Histoire

  • Les mutineries de 1917
  • Les fusillés de la Grande Guerre
  • La vie au front et à l’arrière front
  • La place des femmes durant la guerre
  • Les lettres des poilus
  • L’utilisation des pigeons durant la guerre

Géopolitique

  • Lien avec les conflits contemporains
  • L’Europe

Autonomie

  • Recherche sur Internet et au CDI sur la guerre et les thématiques abordées et soulevées par la pièce : la vie des soldats, les mutineries, la place des femmes durant la guerre, le patrimoine mémoriel, etc.

Fiche pratique

Lexique de l’argot des tranchées - D’après CRID 1914-1918

Abeille les balles, sans doute en raison du sifflement qu’elles produisent. On peut aussi rencontrer la variante « frelons »

Adjupète Appellation argotique de l’adjudant.

Affourcher Dans le vocabulaire des marins, le verbe « affourcher » signifie laisser tomber à l’eau les deux ancres d’un navire.

Antidérapant Terme d’argot désignant le vin.

Apache Nom donné aux voyous des bas-quartiers. Les apaches font l’objet de représentations stéréotypées dans l’imagerie populaire : ils portent la casquette de travers et un mouchoir noué autour du cou, gardent en permanence les mains dans les poches avec un air mi-renfrogné mi-moqueur, ne fréquentent que des filles de petite vertu, boivent dans des établissements borgnes et détroussent les bourgeois innocents. Aux apaches du premier quart du XXe siècle ont succédé les gangsters des années 40 et 50, les loubards des années 70, etc.

Arbeit Terme emprunté à l’allemand qui désigne le travail dans l’argot de tranchée.

Aramon Ce nom d’un cépage viticole exploité dans le sud de la France devient, en argot, synonyme de vin.

Armistice Accord par lequel les belligérants s’accordent sur un arrêt des combats. A l’inverse du simple cessez-le-feu, l’armistice fait l’objet d’un accord écrit (appelé une convention d’armistice) qui stipule les modalités et la date de son entrée en vigueur. En principe, l’armistice est demandé par le camp vaincu, qui prend acte ainsi de sa défaite. L’armistice ne marque pas la fin de la guerre. Il faut pour cela établir un autre document ayant valeur juridique : le traité de paix. Il n’est donc pas exact de dire que la première guerre mondiale a pris fin avec l’armistice de Compiègne (11 novembre 1918). La fin des hostilités n’est pas encore la paix ; ce n’est qu’une mesure provisoire et souvent fragile. La guerre ne prend donc officiellement fin que le 28 juin 1919, jour de la signature du traité de Versailles.

Artiflot(s) désignation des artilleurs, principalement par les fantassins.

Azor le sac des combattants.

Barbaque Terme d’argot désignant la viande.

Barbelé En tant qu’adjectif, le terme « barbelé » désigne un support garni de pointes (littéralement, d’excroissances disposées comme les barbes d’un épi, les mots barbelé et barbe ayant la même origine). Un fil de fer peut donc être barbelé, lorsqu’il se hérisse de pointes.

Barda l’équipement du soldat. Le terme prend souvent une connotation négative en raison du poids de celui-ci qui peut dépasser les 35 kg, et de la pénibilité qu’il y a à s’équiper ou se déséquiper aux tranchées.

Bath Cet adjectif très à la mode jusqu’après la seconde guerre mondiale s’emploie pour marquer une satisfaction teintée d’admiration. Il a pour synonyme l’expression « au poil ». C’est l’équivalent du « chouette » des années 1960, du « super » des années 1970 ou du « cool » des années 1990. Exemples d’emploi : « J’ai été affecté dans un bath de régiment » , « C’est une fille bath » , « Ca c’est bath » (traduction : « ça c’est beau » ou « c’est bien » ou « c’est agréable » ). Le mot autorise quelques calembours, dont le plus célèbre est : « Je me tire ailleurs parce que c’est plus bath ailleurs » (tirailleur / batailleur).

Baveux Terme d’argot de tranchée désignant un journal et plus particulièrement un titre de la presse pratiquant le « bourrage de crâne ».
Par métaphore, ce terme d’argot désigne le savon.

Bébé Terme d’argot de Poilus qui désigne un projectile d’artillerie de tranchées, de la taille d’un bébé. Synonyme : crapouillot.

Bicot Terme d’argot désignant un petit âne et, par extension, une personne d’origine maghrébine. Sur le front, ce terme désigne les tirailleurs nord-africains.

Bidon Terme désignant familièrement le ventre. Le mot « bidon » est fréquemment utilisé dans le vocabulaire infantile ; il est également repris par les soldats.

Biffe, Biffin mot d’argot détourné de son sens original de chiffonnier et adopté par dérision par les fantassins pour se définir.

Bigor Terme d’argot militaire qui désigne les hommes de l’artillerie de marine (avant 1900 et depuis 1962) ou coloniale (1900-1962). Ce mot est l’abréviation du nom « bigorneau ». Le bigorneau est un coquillage marin, fréquent sur les rochers du littoral. Comme lui, les artilleurs coloniaux s’accrochent à leurs positions en dépit des tempêtes. Certains marsouins peu complaisants prétendent que ce surnom évoque le rôle d’artillerie côtière parfois dévolu aux bigors lesquels, comme les bigorneaux, restent alors « accrochés au rocher », à la différence des marsouins qui, eux, se déplacent.

Bobard un renseignement faux, non vérifié, ou encore une rumeur. On parle par exemple de « bobards de feuillées ». Le terme fait aussi fréquemment référence aux informations véhiculées par les journaux envers lesquelles les combattants ont une méfiance croissante

Boule pain du soldat, ainsi désigné en raison de sa forme. Le pain est une des bases de la ration quotidienne, à proportion d’une demi-boule par jour et par personne.

Bras-cassé Terme d’argot militaire qui désigne un soldat paresseux ou (et) incapable.

Brot Mot allemand désignant le pain et repris avec la même signification (et la même prononciation) dans l’argot de tranchée.

Cabot caporal.

Cafard un mauvais état psychologique. Le « cafard », fréquent avant une offensive ou au retour d’une permission, prend des sens différents selon les individus : énervement, tristesse prolongée, dépression, peur ou angoisse de la mort.

Cagna abri léger, dans la terre ou fait de boisages, où peuvent se tenir les combattants en cas de bombardements ou d’intempéries par exemple. Les abris de première ligne peuvent être dénommés cagnas mais c’est relativement rare, le terme s’applique davantage aux secondes lignes et en deçà. Le mot est d’origine indochinoise, sans doute transmis par des troupes coloniales.

Calot Partie supérieure d’une coiffure en général et d’un képi en particulier. En argot militaire, le mot calot désigne également le bonnet de police.

Cantoche Terme d’argot lycéen et militaire désignant une cantine ou un réfectoire.

Caoua Terme emprunté à l’arabe pour désigner le café. Autres orthographes possibles : cawa ou kawa.

Civelots/Ciblots les civils.

Colon colonel. Celui qui est nommé le « colon » est généralement le colonel commandant le régiment.

Coup une grande opération offensive prévue.

Crapouillot les différents types de mortiers de tranchée et leurs projectiles, dont l’utilisation est croissante au cours de la guerre, leur tir courbe étant adapté à la guerre des tranchées. Par extension sont créés le verbe « crapouilloter » et le substantif « crapouillage » pour désigner le fait de bombarder avec un crapouillot.

Échafaud Terme d’argot de poilu qui désigne la partie surélevée du parapet d’une tranchée, qu’il faut escalader puis enjamber pour partir à l’attaque.

Escarpin Terme d’argot de poilu qui, non sans ironie, désigne les brodequins.

Descendre le fait de quitter les premières lignes pour l’arrière-front ou le cantonnement

Faire camarade se rendre volontairement, sans doute en raison de l’exclamation fréquemment prononcée par des soldats allemands lors d’une reddition : « Kamerad ! ».

Filon une affectation ou un secteur recherché pour son absence de danger. Le terme est aussi employé pour désigner la bonne (ou la fine) blessure, celle qui éloigne du danger sans dommages physiques trop importants.

Flingot Vieux terme d’argot militaire (une flin est une pierre à fusil au XVIIe siècle) qui désigne le fusil.
Flingue : Abréviation du mot « flingot », le flingue en possède la même signification : il s’agit d’un fusil.

Fritz Adapté d’un prénom et d’un nom de famille allemand, le terme Fritz désigne les Allemands. Il est donc synonyme du célèbre « Boche », bien qu’un peu moins usité. Il peut être employé soit comme nom propre (caricatural), soit comme nom commun.

Gnôle (Gniole, Gniaule) alcool fort, de tout type, consommé par les combattants.

Gourbi abri. Le terme s’applique peu en première ligne, il est utilisé surtout à partir de la seconde ligne jusqu’au cantonnement.

Jus café.

Marmite / Marmitage projectiles allemands, en particulier des Minenwerfer sans doute en raison de leur forme et de leur poids

Marsouin Terme d’argot militaire qui désigne les hommes de l’infanterie de marine (jusqu’en 1900 et depuis 1962) ou coloniale (1900-1962). Comme eux, le marsouin est un mammifère qui navigue sur les mers du monde.

Mie de pain mécanique Métaphore ironique désignant un pou, en argot de tranchées.

Monter « aller aux tranchées ». On « monte » vers le feu et les tranchées de première ligne.

Musicien En argot de tranchées, ce nom désigne les haricots secs (les célèbres « fayots »). L’allusion à l’effet produit par ce légume sur le conduit intestinal est évidente.

Pinard vin.

Popote cuisine roulante, et fait de cuisiner. Par extension, la popote est la réunion des personnes qui mangent en commun.

Rata initialement, abréviation de ratatouille ; ragoût de pommes de terre ou de haricots, ou plus généralement un ragoût quelconque.

Rosalie baïonnette

Roulante initialement la cuisine roulante de compagnie, mobile, qui permet de préparer le ravitaillement des combattants à proximité des premières lignes.

Séchoir barbelés. L’expression vient de ce que les soldats tués lors d’une offensive pouvaient « sécher » sur les barbelés dans lesquels ils étaient pris.

Singe bœuf et plus généralement de toute viande en boîte de conserve ; le « singe » est fréquemment critiqué pour sa mauvaise qualité (que le mot même suggère).

Totos poux

 

Lexique armement - D’après CRID 1914-1918

Lebel Fusil qui équipe les armées françaises. Conçu en 1886 et modifié en 1893, son calibre est de 8 mm. Il est à la fois robuste, précis, et légèrement dépassé en raison de la lenteur de chargement de son magasin. La longueur du fusil Lebel (1,80m) le rend d’usage très peu pratique dans les tranchées souvent étroites de la guerre de position

Crapouillot Dans l’argot des combattants, désigne les différents types de mortiers de tranchée et leurs projectiles, dont l’utilisation est croissante au cours de la guerre, leur tir courbe étant adapté à la guerre des tranchées

Gaz Les gaz de combat sont employés pour la première fois à une grande échelle par l’armée allemande le 22 avril 1915 dans la région d’Ypres ; malgré leur efficacité militaire incertaine passées les premières utilisations qui provoquent surprise et panique, les attaques au gaz font partie des moments les plus redoutés par les combattants. Cela tient aussi à la pénibilité du masque qu’ils doivent porter.

Mine Charge d’explosifs que l’on amenait sous la tranchée ennemie afin de la faire exploser. Les mines étaient placées dans des galeries souterraines (v. Fourneau), creusées à cette fin par des troupes spécialisées, les sapeurs. Par extension, on désigne comme la « mine » l’ensemble du cheminement souterrain creusé par l’assaillant jusque sous la position adverse pour y aménager une chambre de mine. Ce type de guerre était très craint des combattants, comme de ceux chargés de placer les mines. Des entonnoirs (par exemple à Massiges, Marne ou à Vauquois, Meuse) et des galeries de mine (à la Chapelotte, Vosges) sont encore visibles dans le paysage

Schilt (appareil / section) Lance-flamme de fabrication française composé d’un réservoir de 80 litres de pétrole et d’une lance permettant un jet d’une portée maximale de 35 mètres. La mise à feu se fait par grenades. Les sections Schilt sont les unités spécialisées dans le maniement de ces lance-flammes

Shrapnel Arme antipersonnel : obus rempli de projectiles, du nom de l’inventeur du minuteur qui provoque l’explosion, le général anglais Henry Shrapnel. L’orthographe du terme est variable dans les témoignages. L’obus libère 200 à 300 balles de plomb capables de percer un crâne non casqué. Par extension, on appelait aussi shrapnells les éclats d’obus

Soixante-quinze (75) Désignation du canon français le plus utilisé et considéré comme un des plus efficaces, dont le calibre, c’est-à-dire le diamètre de la pièce à son embouchure, est de 75 mm. D’une cadence de tir potentielle de 20 coups par minute (en pratique, 8 coups par minute) il est précis à plus de 6000 mètres de distance, et relativement mobile en raison de sa légèreté. Désigné comme emblématique de la modernité technique de l’armée française, il est doté de vertus miraculeuses par la presse (v. Bourrage de crânes) et parfois par les combattants eux-mêmes, même si ses limites face aux retranchements solides apparaissent rapidement

V.B. Grenade Viven-Bessières de Viven (industriel) et de Bessières (ingénieur arts et métiers) qui la mettent au point en 1915. Elle s’adapte sur un tromblon fixé à un fusil Lebel. La balle enflamme l’amorce, tandis que le gaz de la cartouche en se détendant projette la grenade. Elle explose au bout de sept secondes à une distance variable selon l’angle de tir. Sa portée maximale est de 200 m environ

Ypérite Surnom du gaz de combat mis au point en 1917 par l’Allemagne et utilisé pour la première fois dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917 dans la région d’Ypres (Belgique). Surnommé également « gaz moutarde » en raison de son odeur, son action se fait à travers la peau, ce qui rend partiellement inopérante la protection des masques ; de plus ce gaz a pour caractéristique de contaminer durablement les zones dans lesquelles il est utilisé.


Pour aller plus loin

Bibliographie sur la correspondance des poilus

  • AURIOL, Jean-Claude. Mémoire de papier : correspondance des Poilus de la Grande guerre. Paris : Ed. Tirésias, 2005.
  • BERGER, Joannès. Une lettre par jour : correspondance de Joannès Berger, poilu forézien, avec sa famille (1913-1919). Tome I, D’Épinal (Vosges) à Legé (Loire-Inférieure), novembre 1913 à septembre 1915. Saint-Étienne : Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2005.
  • BOULET, François. 1914-1915, rouge garance et bleu horizon : correspondance de guerre. Saint-Génis-des-Fontaines : La Mandorle, 2006.
  • COLLOMP, Alain. Un instituteur dans la Grande Guerre : Marie-Auguste Collomp : lettres à Léontine (1914-1915). Forcalquier : Les Alpes de lumière, 2004.
  • DESBOIS, Evelyne. Paroles de soldats, entre écrits et images. Mots. Le langage du politique. 1990, volume 24, n° 1. L’auteur montre en quoi les lettres de soldats permettent de reconstituer les conditions de vie des soldats et le déroulement des opérations militaires.
  • DESPEYRIERES, Henri. C’est si triste de mourir à 20 ans : lettres du soldat Henri Despeyrières, 1914-1915. Toulouse : Privat, 2007.
  • KREMER, Louis. D’encre, de fer et de feu : lettres à Henry Charpentier, 1914-1918. Paris : Table ronde, 2008.
  • Lettres à des morts 1914-1918 – Je t’embrasse pour la vie : Editions Cent pages, Cosaques, 2009.
  • Lettres censurées des tranchées – 1917, Lionel Lemarchand, L’Harmattan.
  • Lettres de poilus : correspondances et récits de combattants lorrains et comtois. [Nancy] : Ed. OML,  2008.
  • Les poilus ont la parole : dans les tranchées, lettres du front, 1917-1918. Bruxelles : Éd. Complexe, 1998.
  • Paroles de poilus : lettres et carnets du front, 1914-1918. Toulon : Soleil Paris : France Inter, 2006.
  • Paroles de Verdun : lettres de poilus. Paris : Perrin,  2006.
  • RIBOLLET, Pierre. Quatre années de guerre, août 1914-juillet 1918, lettres et dessin. Lyon : BGA Permezel,  2006.
  • Six frères : correspondance de guerre de Jean, Paul, André, Pierre, Marc et Henri Bouchet, 1914-1918. Beauvais : Bagard, 2008.
  • TREVISAN, Carine. Lettres de guerre. Revue d’histoire littéraire de la France, 2003/2, vol. 103. L’auteur montre que les lettres permettent aux soldats de préserver un espace d’intimité sans cesse menacé par l’expérience collective de a guerre de tranchées.
  • VERLY, Félicien. C’est là que j’ai vu la guerre vraie: correspondance et souvenirs des années de guerre, 1914-1918. Parçay-sur-Vienne : Anovi, 2006.

Bibliographie sur Carnets de guerre

  • BARTHAS, Louis. Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier : 1914-1918. Paris : La Découverte, 1997.
  • BLAYAC, François. Carnets de guerre : 1914-1916 : notes de route. Carcassonne : Ecomarine, 2006.
  • DAUTRICHE, Émile.  Mes carnets de guerre. [S .l. : s.n., s.d.] .281 p.
  • GAZAGNE, Jean-Marie. Des hommes dans les tranchées : 1914-1918, journal d’un régiment. Romagnat : De Borée, 2005.
  • TUFFRAU, Paul. 1914-1918 : quatre années sur le front : carnets d’un combattant. Paris : Imago, 1998.

Bibliographie et cinématographie
La Grande guerre dans la littérature :

  • Jean Rouaud, Les champs d'honneur.
  • Blaise Cendrars, La main coupée.
  • Céline, Voyage au bout de la nuit.
  • Sébastien Japrisot, Un long dimanche de fiançailles.

Et au cinéma :

  • Les Sentiers de la Gloire – Réalisateur : Stanley Kubrick – 1958.
  • Pour l’exemple – Réalisateur : Joseph Losey, 1964.
  • La Tranchée – Réalisateur : William Boyd – 2000.
  • Un long dimanche de fiançailles – Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet, 2004.